En juin dernier, j’ai entrepris une expédition unique en son genre : une traversée à la nage entre Calvi, en Corse, et Monaco. Cette aventure, longue de 180 kilomètres à vol d’oiseau, a été conçue non seulement comme un défi sportif de haute intensité, mais aussi comme une mission scientifique visant à mieux comprendre la pollution de la Méditerranée.
Un Défi Physique et Mental
Nager entre Calvi et Monaco a nécessité une préparation physique rigoureuse et une endurance mentale exceptionnelle. Pendant plusieurs mois, j’ai intensifié mes entraînements pour être prêt à affronter les conditions exigeantes de la mer Méditerranée. Chaque jour, j’ai passé des heures dans l’eau, nageant deux fois par jour, de 8h à 12h et de 14h à 18h, pour un total de huit heures de nage quotidienne. Le reste du temps était consacré à des activités vitales telles que manger, filmer, se reposer et gérer les équipements, notamment le désalinisateur pour transformer l’eau de mer en eau potable.
Pour traverser la Méditerranée entre Calvi et Monaco en totale autonomie, j’ai tracté une plateforme fabriquée sur la base d’un catamaran, mesurant 3 mètres de long et 1 mètre de large, pesant près de 200 kg chargée. Bien que la distance entre Calvi et Monaco soit d’environ 180 km à vol d’oiseau, les défis de la dérive, de la houle, du vent et du maintien du cap à suivre ont entraîné un trajet d’environ 250 kilomètres. Cette traversée a duré 13 jours, ponctuée de moments de beauté naturelle, comme l’apparition de mammifères marins, les levers et couchers de soleil enchanteurs, mais également de défis physiques et mentaux constants, tels que les orages en pleine mer. En effet, il est curieux de constater que lorsqu’on se trouve en mer, la foudre recherche souvent le point culminant pour s’abattre, ce qui peut parfois être nous-même.
Une Mission Écologique
Au-delà du défi sportif, cette expédition avait un objectif écologique clair : sensibiliser le public à la pollution marine et recueillir des données scientifiques cruciales. La Méditerranée est une mer semi-fermée, ce qui la rend particulièrement vulnérable à la pollution. J’ai voulu mettre en lumière cette problématique en associant ma traversée à une étude sur les contaminants perfluorés (PFAS), des substances chimiques largement utilisées dans l’industrie et les produits de consommation, et qui se retrouvent malheureusement dans nos eaux.
Partenariat avec Capillum et le Laboratoire Wessling
Pour mener à bien cette étude, j’ai collaboré avec la start-up clermontoise Capillum, pionnière dans le recyclage des cheveux, et le laboratoire Wessling, spécialisé dans les analyses environnementales. Les cheveux ont un pouvoir de capturer facilement les molécules et de les « emprisonner » dans leur structure. Capillum a développé une méthode innovante utilisant des « cousins de cheveux » pour capter les contaminants dans l’eau. Ces « cousins » ont été immergés à différents points de mon parcours, suivant un protocole scientifique rigoureux élaboré par Wessling.
Résultats des Analyses
L’une des étapes les plus cruciales de cette expédition a été l’immersion des cousins de cheveux pendant 48 heures au large des côtes monégasques. Les analyses des échantillons recueillis ont révélé des résultats alarmants mais essentiels pour notre compréhension de la pollution marine.
- Cousin Témoin : Un premier cousin, non immergé, a servi de témoin pour établir une base de comparaison. Les analyses ont révélé la présence de PFAS dans ce cousin blanc, indiquant une contamination généralisée de la population mondiale par ces substances.
- Trajet Aller : Le deuxième cousin de cheveux a été immergé à la sortie de la baie de Saint-Tropez et tracté jusqu’au large du port de Calvi. Les analyses ont révélé que les PFAS présents dans le cousin témoin avaient disparu, remplacés par des métaux lourds, probablement dus à une nappe d’hydrocarbures de surface. Les courants et les vents contribuent à déplacer ces contaminants, montrant la diversité des substances présentes même loin des zones côtières.
- Au Large des Côtes : Le troisième cousin a été immergé à environ 60 km des côtes pour minimiser les influences de la navigation maritime et des ports. Les résultats ont confirmé la présence de PFAS, notamment des PFASxA, principalement fabriqués dans la vallée du Rhône, également connue sous le nom de Vallée de la Chimie. Cela démontre la large dispersion de ces polluants dans la mer.
Suite du Projet
Cette expédition entre Calvi et Monaco a servi de base de travail pour notre projet actuel. Vu que les PFAS retrouvés provenaient principalement de la vallée du Rhône, nous travaillons actuellement sur un projet de cartographie des différents polluants de la source à l’embouchure du Rhône. Ce projet est mené en collaboration avec le laboratoire Wessling, mais depuis peu, nous avons également établi un partenariat avec le laboratoire DEEP, basé à l’INSA de Villeurbanne. Cette initiative vise à mieux comprendre l’évolution et la dispersion de ces polluants tout au long du cours d’eau, afin de mettre en place des mesures de protection et de remédiation efficaces.
En documentant cette aventure et en partageant mes découvertes, j’espère sensibiliser un large public à la nécessité de protéger notre environnement marin. Les résultats des analyses mettent en lumière l’étendue de la pollution par les PFAS et la nécessité de mesures pour réduire leur présence dans nos eaux.
Cette expédition est la première d’une série d’initiatives que je prévois pour explorer, comprendre et protéger notre planète. Je crois fermement que l’aventure et la science peuvent se compléter pour créer un avenir plus durable.
Pour en savoir plus sur cette expédition et découvrir mes autres projets, rendez-vous sur mon site Remi Camus Explorer. Ensemble, nous pouvons faire la différence pour notre environnement.
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PS : Si tu ne me connais pas, je suis Rémi Camus, explorateur, conférencier et fier membre de la Société des Explorateurs Français. Mon travail consiste à mener des explorations sportives, environnementales et scientifiques pour sensibiliser les gens à la beauté et à la fragilité de notre planète. 🌎🌱