Fort du constat qui a failli me coûter la vie lors de ma traverse de l’Australie en courant, je décide de pousser l’expérience afin de comprendre les populations riveraines aux fleuves et rivières notamment sur l’accès à l’eau.
Je décide de m’attaquer au fleuve Mékong muni d’un hydrospeed, flotteur en mousse qui permet de descendre les torrents de montagnes.
Je me lance de la frontière tibétaine avec la ferme intention de gagner l’embouchure du fleuve au Viêtnam, 4 400 kilomètres plus bas.
Je commence mon périple par le Yunnan, en Chine et ces nombreux barrages hydroélectriques de plus en plus grands. J’arrive lentement à passer les édifices sans trop de problématiques, à part peut être sur le 3ème plus gros barrage au monde qui est contrôlé par l’armée chinoise. Après plusieurs heures de négociation, je parviens à retrouver le bord de l’eau. Il me faudra plus d’un mois pour sortir du pays pour entrer au Laos.
Le fleuve a déjà bien évolué, il est très large, parfois jusqu’à plusieurs centaines de mètres. Le changement de pays me bouleverse un peu notamment sur l’apprentissage d’une nouvelle langue ainsi que les uses et coutumes de mes nouveaux voisins de rivage.
J’essuie tout de même quelques tracasseries administratives sur la capitale du Laos, Vientiane. Les autorités me sortent de l’eau, un arrêt forcé de 1 mois et 3 jours, impossible de repartir prendre le large.
À force de ténacité, je trouve une solution pour reprendre mon aventure. Je suis conscient de la difficulté dans laquelle je me trouve. En effet, le Mékong fait office de frontière naturelle entre la Thaïlande et le Laos, probablement une raison suffisante pour les autorités de m’avoir stoppé dans ma progression.
L’arrivée des 4 000 milles iles signifient que je quitte le Laos pour entrer au Cambodge. Sur cette portion, le fleuve coule à l’intérieur du pays ce qui me libère d’un poids énorme, la peur de me faire arrêter constamment, car je naviguais à la frontière entre deux pays.
À l’approche de Phnom Penh, j’établis un record non-officiel, je nage 28h40 sans manger et boire. Je viens littéralement m’échouer sur la rive, les larmes aux yeux, les jambes et les pieds meurtris.
Je décide de m’arrêter une petite semaine pour me remettre en forme et obtenir mon visa du dernier pays sur ma route, le Viêtnam.
Confiant sur le peu de kilomètres qu’il me reste, je pense terminer en moins de 5 jours mon aventure. Hélas, la fin a été bien mouvementée. J’avais omis la marée qui affecte le fleuve jusqu’à plus de 300 kilomètres dans les terres, incroyable. Il me faudra près de 15 jours pour boucler les 4 400 kilomètres entre le Tibet et l’embouchure au Viêtnam.
Ce qui m’a le plus surpris dans cette exploration, c’est la quantité de déchets qui jonchent la surface de l’eau notamment à l’embouchure du fleuve.
Je suis stupéfait.
En effet, faute de moyen, de choix politiques, d’infrastructures, les populations déversent leurs déchets directement dans le fleuve, sans penser au problème que cela peut engendrer.
Je rentre en France avec la nette intention de faire bouger les lignes.
1 réflexion sur “Un périple de 4 400 kilomètres du Tibet au Viêtnam pendant 6 mois.”
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